ANITA POUCHARD SERRA

« Habiter malgré tout, construire seuls mais ensemble. La nuit, les otages d’un système économique et urbain se lancent à la conquête de terrains vides de constructions.
En l’espace de quelques heures, des parcelles commencent à apparaître, qui en quelques jours prendront les airs d’un quartier dont on n’osait plus rêver. »

TERRES POUR VIVRE

« Terres pour vivre » parle de ces quartiers que les habitants de Buenos Aires font jaillir de terre eux-mêmes dans les espaces vacants de la ville. À cause de la pression immobilière et du fait que beaucoup d’emplois en Argentine sont précaires, une partie de la population se retrouve sans logement décent. Pour faire face à cette fatalité, ils s’organisent et investissent les « dents creuses » de la capitale.
Pour réaliser ce projet, Anita Pouchard Serra a suivi plusieurs groupes à Florencio Varela, Merlo et Buenos Aires Capitale. Ses images témoignent des étapes par lesquelles ces communautés sont passées pour construire leurs quartiers. Du repérage des lieux jusqu’à la construction des habitations en passant aussi parfois par leur destruction, à cause de pouvoirs publics préférant donner raison aux propriétaires des terrains qui pourtant les laissent vacants à des fins spéculatives.
Dans la capitale intra-muros, 225 000* logements sont innocupés tandis que 500 000* personnes ne sont pas logées correctement. C’est que, pour les travailleurs précaires ou illégaux (environ 35 % de la population), louer un logement ou acheter un terrain à crédit est impossible. Aussi, de nombreux propriétaires préfèrent attendre que la ville avance pour revendre leurs terrains plus cher à des investisseurs.
« Terres pour vivre », c’est l’histoire de personnes qui revendiquent simplement leur droit à habiter. Ces travailleurs sans toit, forcés de s’organiser par eux-mêmes, sont malgré eux devenus le symbole de nouveaux modes de faire et de résister.

Anita Pouchard Serra vit et travaille entre la France et l’Argentine. Elle aborde le métier de photographe comme un acte d’immersion totale au cœur des territoires et des histoires qui l’interrogent. Elle est membre de Hans Lucas et fait partie du collectif d’architectes « Sans plus attendre ».
Son parcours multiple (danse, architecture, anthropologie…) la guide dans le choix de ses sujets et dans son approche résolument transdisciplinaire. Elle utilise les images, les mots, les dessins et les sons pour partager ses expériences autour des thèmes du territoire et de la résilience de populations marginalisées.
Elle publie en 2015 le livre-objet « Ritos al ras del futuro » sur les mouvements sociaux issus de la crise argentine. En 2017, son projet “ Urbanités Latentes” lui a valu une bourse de la Fondation Pedro Meyer/ World Press Photo au Mexique, une sélection pour Descubrimientos de Photo España, la Lens-New York Times Portfolio Review et la 3ème session du prix Mentor au MAP de Toulouse organisé par Freelens, la SCAM et le CFPJ Médias. En 2016, son projet « I was, I am, I will » a reçu le coup de cœur de la Bourse du Talent Portrait et a participé à la Masterclass Nikon-Patrick Chauvel du Prix Bayeux-Calvados.
Elle expose en France et à l’international et en septembre 2017, elle sera en résidence à l’Institut Français du Mexique dans le cadre du programme (d)écrire la ville.

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