VOIR DES EXPOSITIONS
Les expositions
« Château / for intérieur »
L’idée générale de cette biennale s’articule autour du constat que nos sociétés se replient de plus en plus sur elle-même, que la relation aux autres passe de plus en plus exclusivement par l’intermédiaire de petits écrans individuels, que les valeurs humanistes se détricotent au profit du profit, que les inégalités entre les couches sociales, entre les villes et les campagnes se creusent de plus en plus, et que l’attention à l’environnement se détériore allègrement, que « l’habitabilité de la terre » pour citer Bruno Latour est mise en danger pour la première fois de notre histoire.
L’argument de Château / for intérieur est de mettre en perspective l’expression de la puissance et
du pouvoir figuré par le château-fort, face aux relatives fragilités des états d’âmes du for intérieur (qui vient de latin forum, la place publique) de tout un chacun, invitant à la rencontre et à la rêverie poétique.
Les photographes réunis ici, prennent plaisir à faire corps avec la consistance du monde (l’air, l’eau, la forêt, le désert, la ville, les gens…), sans toutefois nier sa rudesse et ses aspérités, et existent dans une forme d’empathie vis-à-vis des gens, de la lumière et des choses.
C’est peut-être une des traditions du territoire de la Wallonie dont ils proviennent tous, à travers deux générations d’artistes (un demi-siècle sépare la plus jeune des plus anciens) que de se saisir d’un espace où il est naturel de cultiver son jardin, d’en prendre soin, de respecter les rythmes et d’écouter les saisons.
Ainsi Lucia Radochonska et Jean Louis Vanesch explorent le jardin de leur maison et ses prairies proches,
Daniel Michiels protège de son regard complice son grand jardin ardennais,
Lara Gasparotto raconte sa maternité et ses amitiés dans les lisières colorées de la nature,
Charline De Resve s’éveille à la beauté de son corps parmi les forces de vie qui l’entoure,
Jean-Paul Brohez regarde autour de lui, propose une série d’images ouvertes à toute interprétation ludique,
Alain Janssens se nourrit de la vanité et de la sensualité fugitive qui se glisse dans les interstices du fil des jours,
Marc Wendelski traque failles et fissures dans l’impitoyable guerre à la terre en en faisant jaillir sa sève,
Olivier Cornil habite les gestes, les rires et la beauté de ses proches,
Thomas Chable use ses souliers dans les déserts de l’Ethiopie ou pagaie sur les lacs écossais,
Alexandre Christiaens vogue sur les vagues des océans ou dans les grandes plaines du Chili,
Brigitte Grignet cherche l’âme sœur partout où c’est possible, en Palestine, au Chili ou, comme ici au Mexique,
Philippe Herbet écrit et photographie son errance en Asie, en Biélorussie en goûtant la joie des rencontres simples et sans calcul,
Matthieu Litt se fond dans l’immensité et les transparences du Groendland.
Céline Lecomte (F), en charge des animations dans les écoles, recherche les représentations de la nature dans les décors citadins et ruraux qu’elle traverse.
Ce qui lient ces photographes, c’est la volonté qu’ils ont, d’abord et avant tout, d’être exigeant avec une forme photographique en conformité avec leurs rêves, ce sont des artistes-artisans qui vivent leur pratique comme quelque chose d’inévitable et de profondément simple.
Lieu d’exposition :
Manufacture du Tapis Point de Sedan
12, boulevard Gambetta
08200 Sedan
Horaires d’ouverture
Tous les jours sauf le mardi : 14 h / 18 h
Résidence
La résidence, assignée à l’artiste Philippe Herbet pendant une dizaine de jours début mai 2025, se propose, dans la ville de Sedan, de trouver un prolongement à son travail d’errance et de recherche du merveilleux dans les villes et les campagnes de l’est de l’Europe, du Proche Orient et plus particulièrement actuellement en Asie Centrale.
Le résultat de cette approche sera rendu à la ville et exposé sur les grilles du jardin botanique…
SANS DOUTE SEDAN
Tu marches au hasard, selon toute vraisemblance à Sedan, mais sans certitude, les lieux s’échappent ou se superposent, cela, tu l’avais déjà constaté lors de tes voyages. Les aubépines en fleurs, les magnifiques thyrses pyramidaux des marronniers, les délicats cyprès des marais, les ginkgos biloba de la Z.U.P.
Le Lac, l’inclination de la lumière, les ciels voyageurs t’emmènent loin, vers l’Orient, des pays imaginés ou chimériques. Les pétales s’envolent, s’échappent des arbres comme des rêves en fuite. Les fleurs forment des tapis roses ou blancs, les pétales s’accrochent à tes chaussures. Tu balances en latitude, des images mentales se forment, muettes. Où es-tu ?
À Sedan sans doute, ou en Europe orientale, au Japon,
à Sao Paulo… D’ailleurs tu écris tu, je n’est plus toi. Tu es en train de te perdre, tu deviens étranger à toi-même. Tu n’existes plus.
Tu erres dans les rues, tu observes la vie, la lumière, tu inscris la saison — l’acmé du printemps —, les coïncidences, les moments d’harmonie ou de désespoir. Tu croises le chemin d’inconnues et d’inconnus, des fragments d’histoires, mais tu ne cherches pas le contact, tu as perdu la voix. Des regards s’effleurent, s’interrogent puis glissent.
Sergio Larrain, un photographe chilien que tu aimes écrit : Peu à peu tu vas rencontrer des choses. Et des images vont te parvenir comme des apparitions. Prends-les. Tu as emporté ton appareil de photographie et tu tentes d’être réceptif à ces apparitions, d’enregistrer les images, pas beaucoup. Rien de prémédité, pas de projet conscient.
Ukiyo-e, images du monde flottant dit-on des estampes japonaises de l’époque d’Edo, c’est peut-être ça que tu pratiques, ici, sans doute à Sedan où tu restes sept jours. Nous sommes vendredi, tu pars dimanche.
Philippe Herbet, le 2 mai 2025
Lieu d’exposition :
Grilles du Jardin Botanique
Place Alsace Lorraine
08200 Sedan
Horaires d’ouverture
Tous les jours
Animation
Les animations pensées autour de l’éveil de la curiosité, visent à aborder des notions artistiques, culturelles et sensibles avec les enfants. Les ateliers se sont adressés à un public de 5 à 8 ans et ont été pris en charge par Céline Lecomte (photographe) et Benoît Ploner (conteur et musicien).
Ils ont travaillé en plusieurs temps avec les élèves de six classes de quatre écoles, via la parole collective d’abord, puis par le dessin individuel, et la pratique photographique. Une des orientations des ateliers a consisté à distinguer ce qui est vu sur une photographie de ce qui tient du hors champ, ce non-vu si fécond : les émotions, histoires ou interprétations que tout un chacun peut en tirer.
Choisir une photographie parmi d’autres a permis aux élèves d’aborder des questionnements tels que : qu’est ce que ce choix dit de moi, quelle histoire je peux inventer à partir d’une photographie, comment les regards des autres se croisent avec mes propres perceptions.
Les séances ont pris appui sur « des petits trésors familiers », apportés par les enfants pour le projet. Ces objets habités par l’imaginaire juvénile pour y loger ses petits et grands secrets, ont servi de supports pour établir un contact avec les élèves, élaborer des scénarios, raconter des histoires, exprimer des émotions ou encore expérimenter
la prise de vue.
à travers ces ateliers, Céline Lecomte et
Benoît Ploner ont tenté d’amener les élèves à soulever quelque peu le voile sur ce territoire intime, sur ces relatives fragilités des états d’âmes du for intérieur aux prises avec la toute puissance collective du château-fort (superman, la bagnole…).
Benoit Ploner
C’est au son du piano que je découvre la musique.
Un parcours classique m’amène à la médaille d’or puis au PSIR, diplôme de soliste inter-régional, à l’euphonium, « le violoncelle des cuivres » comme j’aime à l’appeler.
Profondément attiré par la narration, musicale ou verbale, l’écriture sera le déclencheur de ma première immersion dans les contes.
J’enchaîne alors les racontages dans différentes associations de conteurs, de stages et crée mon premier spectacle solo pour Les Jeunesses Musicales de France.
L’histoire continue, au travers de rencontres, dans les bibliothèques, médiathèques et écoles, qui nourrissent mon imaginaire.
Céline Lecomte (cf Artistes 2025)
Je m’appelle Selima.
Le lapin dans l’eau. Il se noie.
– Est-ce que quelqu’un vient l’aider ?
– Non. Il reste tout seul comme ça.
Il essaye de nager.
Il trouve le bord de l’eau. c’est de la terre . Il y a un peu de la terre. pas d’herbe. [changement de photo]
Et le dragon… il voulait le manger.
– Est-ce que pour une fois, le dragon pourrait être
le copain du lapin ? Pour changer un petit peu ?
– Oui. Ils marchent un tout petit peu, vers un magasin. Un magasin qui vend des jeux. Un magasin qui vend tous les jeux du monde. Après ils sont rentrés, ils sont ouvrés, après ils sont joués.
Et c’est bon.
Selima, CP Blanpin
Tapis Point de Sedan
Jean Louis Vanesch
Daniel Michiels
Lara Gasparotto
Charline De Resve
Jean-Paul Brohez
Alain Janssens
Marc Wendelski
Olivier Cornil
Thomas Chable
Alexandre Christiaens
Brigitte Grignet
Philippe Herbet
Matthieu Litt
Céline Lecomte
Grille du Jardin Botanique
SANS DOUTE SEDAN