Gilbert FASTENAEKENS – Marin KASIMIR – Niels DONNERS – Christian MEYNEN – Jan KEMPEPENAERS

Qu’il s’agisse de vues de rues, d’habitations aux formes inattendues ou au contraire trop banales, de résidus d’une nature entêtée à faire valoir ses droits ou de ce territoire où la campagne recule chaque jour un peu plus face aux constructions, de cette présence récurrente de chantiers, de terrains vagues ou d’espaces indéfinis, de ces bâtiments anciens qui côtoient les constructions contemporaines en un
contraste éloquent ou de ces aberrations urbanistiques dont Bruxelles est représentative sans en avoir toutefois le monopole, les images offrent des moments comme suspendus entre un «avant» et un «après».

Mouvance

Exposition présentée par Anne WAUTERS

Lorsque se dessina le projet d’une exposition qui permettrait de montrer comment certains photographes belges perçoivent le tissu urbain, un point de départ intéressant me sembla être la démarche développée par Gilbert Fastenaekens dans «Site». Cette série d’images en noir et blanc, réalisées à Bruxelles dès la fin des années quatre-vingt, donne à lire, au fil des chantiers, architectures, fragments de nature, intervalles de ciel et structures urbanistiques, le mouvement perpétuel des destructions et reconstructions et, au-delà, la force de régénération de la ville et l’incessante mutation urbaine.

Cinq artistes me paraissaient pouvoir être réunis autour de cette problématique. Qu’ils travaillent sur des villes telles que Bruxelles, Anvers ou Koksijde sur la côte belge, Niels Donckers, Gilbert Fastenaekens, Marin Kasimir, Jan Kempenaers et Christian Meynen — au-delà de leurs préoccupations plastiques, environnementales, narratives ou urbanistiques — ont en commun de capter la perpétuelle transformation de la cité et sa fragmentation dans des oeuvres généralement exemptes de présence humaine — à
l’exception de «Site» de G. Fastenaekens et du travail plus narratif de M. Kasimir —, ceci allant dans le sens
d’une mise à distance plus ou moins affirmée selon les cas.

Opérant soit dans un style critique proche du «paysage urbain» pratiqué aux Pays-Bas (Donckers, Kempenaers), soit dans une forme qui situe les images à la frontière des arts plastiques et du document (Fastenaekens), soit avec une rigueur parfois caustique mais qui rappelle quelque peu la tradition allemande des Bêcher ou le style documentaire de Walker Evans (Meynen), ou encore ouvrant le médium photographique à différents supports tel le format panoramique ou la vidéo (Kasimir), ces artistes proposent des images qui toutes peuvent être ressenties à différents degrés comme des moments prélevés dans le déroulement continu de la mutation urbaine, comme des étapes dans le processus de croissance de la cité, offrant la sensation que rien n’est immuable, que tout est changement, tout est mouvement perpétuel.

Qu’il s’agisse de vues de rues, d’habitations aux formes inattendues ou au contraire trop banales, de résidus d’une nature entêtée à faire valoir ses droits ou de ce territoire où la campagne recule chaque jour un peu plus face aux constructions, de cette présence récurrente de chantiers, de terrains vagues ou d’espaces indéfinis, de ces bâtiments anciens qui côtoient les constructions contemporaines en un
contraste éloquent ou de ces aberrations urbanistiques dont Bruxelles est représentative sans en avoir toutefois le monopole, les images offrent des moments comme suspendus entre un «avant» et un «après». Entre un passé notamment évoqué par la persistance de bâtiments anciens — persistance peut-être éphémère, ce qui pare certaines images d’une plus-value quasiment archéologique – et un futur en gestation constante …

La ville, comme un corps qui s’autodétruit et s’autogénère à l’infini…

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