Hans Schabus

Hans Schabus échappe à toute classification. Sculpteur, installateur, architecte, créateur de volumes et organisateur de circulation, il travaille la réalité à plusieurs niveaux simultanément : éthique, esthétique, social, politique et s’appuie toujours sur une ample documentation pour laquelle la photographie et le film sont des outils de prédilection.

À la recherche de la colonne sans fin

Hans Schabus échappe à toute classification. Sculpteur, installateur, architecte, créateur de volumes et organisateur de circulation, il travaille la réalité à plusieurs niveaux simultanément : éthique, esthétique, social, politique et s’appuie toujours sur une ample documentation pour laquelle la photographie et le film sont des outils de prédilection. En 2003, lors d’un voyage en Roumanie, Schabus répertorie les différentes méthodes de construction des habitations dans des régions où la pénurie de matériaux de construction crée une culture de la récupération et engendre une authentique créativité populaire. Affinant sa méthode, il entreprend en juillet 2004 un voyage en Pologne au cours duquel il photographie les abris-bus de campagne et leur environnement, réalisant une typologie de ces architectures semi improvisées, bricolées mais répondant toutes à une même fonction. Photographiés dans un style froidement documentaire, à distance constante et toujours de trois-quarts face pour en appréhender le volume, ces édicules déserts nous sont livrés comme des ready made, des sculptures que Schabus lui-même aurait pu signer.

Ces constructions témoignent de ceux qui les ont réalisées ou qui les utilisent. Leur échelle semble répondre à une sorte de modulor instinctif. Elles sont lieux d’attente, de rencontre, supports publicitaires pour des produits agricoles ; leur entretien, très souvent défectueux, révèle un état précis d’auto organisation locale, parfois une bureaucratie lorsque des abris plus standards sont réalisés grâce aux Fonds structurels européens. Objet sociaux, économiques, ces abris, en même temps qu’ils trahissent l’arriération économique de la campagne polonaise, sont autant de créations uniques qui semblent pouvoir se décliner à l’infini.

La référence d’Hans Schabus à la colonne sans fin de Brancusi, faite de pleins et de vides alternant et s’engendrant mutuellement, trouve sans doute ici l’une de ses légitimations. De même que cette série, inachevée et inachevable, s’intègre à d’autres ensembles d’images et de documents réalisés bien avant que l’idée d’une « recherche de la colonne sans fin » n’émerge à la conscience de l’artiste.

 

J.-C. F.

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