Hu Yang

Hu Yang ne photographie ni des victimes du progrès, ni des héros du changement. Il instaure avec ses modèles une relation de sympathie détachée qui lui permet de mettre en évidence les disparités sociales, les aspirations, les rêves ou les difficultés des habitants, saisis avec leur complicité dans des activités ou des attitudes représentatives.

Shangai living

Urbi & Orbi – 2008-  Immeuble 31 rue de l’Horloge – Sedan

 

Shanghai est la ville emblématique du bouleversement économique et social que connaît aujourd’hui la Chine. L’explosion démographique qui s’en est suivie, fruit d’une immigration intérieure issue des campagnes, a fait de la ville un gigantesque chantier où, en quelques semaines, surgissent simultanément d’orgueilleux buildings et d’immenses barres de logements sociaux. Cette mutation urbaine a fait l’objet de nombreux travaux photographiques qui se sont attachés à décrire ses aspects urbanistique et architectural largement inspirés d’un « style international » souvent peu novateur. Hu Yang, natif de cette même ville, a cherché, lui, à rendre compte de cette mutation sociale « de l’intérieur », en se rendant, au cours de quatorze mois d’enquête, dans plusieurs centaines de logements récents où il a opéré sur un échantillon de population de milieux sociaux et d’origines géographiques extrêmement variés.

Perçu comme un « étranger familier », il a pu pénétrer dans la vie privée des habitants pour y recueillir photographies et interviews. Dans cette ville immense et mouvante, l’habitation constitue une protection en même temps qu’un lieu à conquérir, un espace à maîtriser. Y interfèrent les habitudes familiales, les traditions ancestrales de la campagne et le désir de modernité. Hu Yang ne photographie ni des victimes du progrès, ni des héros du changement. Il instaure avec ses modèles une relation de sympathie détachée qui lui permet de mettre en évidence les disparités sociales, les aspirations, les rêves ou les difficultés des habitants, saisis avec leur complicité dans des activités ou des attitudes représentatives. Accompagnés d’extraits d’entretiens, ces constats composent le tableau instantané d’une société où les capacités d’adaptation de l’homme sont la condition de sa survie.

Jean-Christian Fleury

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