Isabelle Hayeur

Les images d’Isabelle Hayeur procèdent d’une démarche parallèle : manipulant ses prises de vues, elle recompose des ensembles urbains qui concentrent les caractéristiques empruntées à des lieux et des moments divers. Cette vision synthétique lui permet d’appréhender ces espaces artificiels dans toute leur complexité et leur intégralité mieux que ne le ferait un simple cliché.

Dunes – Citadelle

Urbi & Orbi 2008 – Salle des Antiques du Château-fort de Sedan

 

Isabelle Hayeur sonde les territoires fraîchement façonnés par l’homme pour y déchiffrer les rapports qu’il entretient avec son environnement et, plus profondément, mettre en évidence ses modes d’existence et de pensée. Au cours des dernières décennies, l’accélération des transformations technologiques de tous ordres a généré des bouleversements des milieux naturels et ruraux produisant un environnement factice et standardisé. Ce monde devenu malléable, soumis à notre volonté, à notre imaginaire, porte plus que jamais l’empreinte identitaire de nos sociétés développées. L’urbanisation étalée, généralisée à partir de l’Amérique du Nord, fait des nouvelles villes produites à grande échelle, des ensembles à l’identité factice, empruntée le plus souvent à des modèles culturels étrangers au lieu géographique et historique où elles sont implantées. Leur construction commence par un arasement du terrain et par là même de la mémoire locale. Sur cette tabula rasa, seront implantés, tels des décors, les éléments d’un pseudo-village qui deviendra rapidement tentaculaire.

Les images d’Isabelle Hayeur procèdent d’une démarche parallèle : manipulant ses prises de vues, elle recompose des ensembles urbains qui concentrent les caractéristiques empruntées à des lieux et des moments divers. Cette vision synthétique lui permet d’appréhender ces espaces artificiels dans toute leur complexité et leur intégralité mieux que ne le ferait un simple cliché. Ainsi, ces vastes vues panoramiques s’offrent à nous comme des reconstitutions visuelles de reconstitutions architecturales idéales, inspirées de modèles qui n’ont jamais réellement existé. Ce redoublement qui est au cœur de l’œuvre d’Isabelle Hayeur nous confronte de manière vertigineuse à la perte des repères locaux au profit de stéréotypes culturels devenus, avec la globalisation, universels.

Jean-Christian Fleury

Share This
google-site-verification: google0efd31106259eb58.html