Jeff Wall

Avec Milk, un de ses « tableaux » les plus célèbres, réalisé en 1984, Jeff Wall met en œuvre, comme à son habitude, le désir de « représenter à la fois la surface abymée de la vie et son opposé : la possibilité d’une autre vie » et aborde son thème récurent : celui de la contrainte, du manque de liberté.   

Milk

Historien d’art autant qu’artiste, Jeff Wall, dépassant l’idée d’une avant-garde comme contre-tradition, s’attache par un langage contemporain à retrouver les qualités et les fonctions de la grande peinture à sujet, non pour la pasticher mais pour mettre en oeuvre la démarche intellectuelle, les prises de position tant esthétiques que politiques de leurs auteurs.

Engagé dans le débat social et politique, il pratique une photographie qui ne se contente pas de regarder le monde mais qui s’efforce de le reconstruire par la mise en scène. Dramatisant ses sujets (la peinture est aussi un théâtre), Jeff Wall porte une extrême attention à la
composition, aux détails, au décor urbain qui nécessite de longs repérages. Sa mise en scène rigoureusement contrôlée tend à une reconstitution minutieuse des apparences et à produire un effet de réel, une illusion de spontanéité qu’accentuent les très grands formats qui vont souvent jusqu’à la reproduction grandeur nature. Le recours au caisson lumineux, emprunté aux moyens de la publicité, donne une dimension spectaculaire et fascinante à des scènes de la vie quotidienne ou parfois à des événements plus singuliers.

Avec Milk, un de ses « tableaux » les plus célèbres, réalisé en 1984, il met en œuvre, comme à son habitude, le désir de « représenter à la fois la surface abymée de la vie et son opposé : la possibilité d’une autre vie » et aborde son thème récurent : celui de la contrainte, du manque de liberté : l’aspect propret et ordonné du décor architectural entre en opposition avec l’extrême tension du personnage isolé, apparemment soumis à des pressions insupportables, le conflit se résolvant par l’explosion du pack de lait. La représentation se veut générique, les personnages sont des rôles (il n’y a jamais de portraits au sens propre chez Jeff Wall). Ces scènes sont construites, comme l’est toute réalité : par la culture et l’idéologie qui la sous-tend, ce qui réfute la possibilité d’un regard innocent.

 

Share This
google-site-verification: google0efd31106259eb58.html