Marc PAYGNARD

Le «Paquebot», un immense immeuble de la banlieue de Sochaux-Montbéliard, sombre en quelques secondes dans un nuage de poussière. Le bâtiment a « vécu », victime du temps et d’une volonté de réhabilitation des quartiers. Pour vivre autrement, mieux sûrement. Pourtant, ceux qui ont eu une tranche de vie dans ces lieux ont versé une larme.

Naufrages

Des photographies sur la destruction des grands ensembles HLM dans l’est de la France.

Le «Paquebot», un immense immeuble de la banlieue de Sochaux-Montbéliard, sombre en quelques secondes dans un nuage de poussière. Le bâtiment a « vécu », victime du temps et d’une volonté de réhabilitation des quartiers. Pour vivre autrement, mieux sûrement. Pourtant, ceux qui ont eu une tranche de vie dans ces lieux ont versé une larme. Pas bien loin de là, à Héricourt, même programme mais autre mode de démolition, l’immeuble moins grand est grignoté à coups de pelleteuse. Il n’en restera rien sinon des souvenirs et des photographies. Là, dans ce décor vidé des habitants les papiers peints à chaque étage racontaient. Comme un livre, comme des hiéroglyphes ou des tableaux, œuvres de ces artistes témoins de leur temps brossant plus ou moins fidèlement l’espace s’offrant à leurs yeux. Mais ici, l’image est encore plus forte car dégagée de toute vie, brisée, dénudée, elle témoigne encore d’une intimité dérangeante. Difficile de franchir ces portes arrachées, de regarder ces tapisseries jaunies, défraîchies, sans un petit pincement de cœur pour ceux dont elles étaient le décor quotidien. Le cadre de vie, collectif ou individuel, beau ou triste ne disparaît jamais sans émotion.

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