Mircea Cantor

Avec Temps mort, le jeune artiste roumain Mircea Cantor nous introduit à une version du jeu de balle encore plus improvisée et élémentaire. Partant généralement d’une situation sociale qu’il capte ou qu’il reconstitue, il la restitue par l’image photographique ou vidéo qu’il associe au son et parfois au texte pour lui conférer une dimension parodique, poétique qui la déréalise.

Dead time

Avec Temps mort, le jeune artiste roumain Mircea Cantor nous introduit à une version du jeu de balle encore plus improvisée et élémentaire. Partant généralement d’une situation sociale qu’il capte ou qu’il reconstitue, il la restitue par l’image photographique ou vidéo qu’il associe au son et parfois au texte pour lui conférer une dimension parodique, poétique qui la déréalise.

Ici, un groupe de chauffeurs de taxis thaïlandais, vêtus de gris, improvisent au bord d’une route un jeu avec une balle qu’ils doivent se repasser en la faisant rebondir sur leur corps sans qu’elle touche jamais terre. Filmés au ralenti, ils participent à une chorégraphie involontaire, un rituel précis dont le déroulement est scandé par le tintement lointain d’un gong asiatique. Cette cérémonie gratuite, à la règle simple et stricte est un pur moment de bonheur conquis sur le temps aliéné du travail par l’intercession d’une modeste balle de rotin. Ce temps mort est celui, bien vivant d’une parenthèse dans le continuum des activités quotidiennes mais aussi un temps suspendu, mis en boucle, un moment de grâce ou le jeu, comme dans l’enfance, retrouve sa fonction constitutive fondamentale. En modifiant le cours du temps et notre perception d’un acte simple, Mircea Cantor donne au réalisme poétique son visage contemporain.

 

J.-C. F.

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