Stéphane Couturier

Avec Séoul-Tanji 2003, Stéphane Couturier prolonge par la vidéo mais avec le même langage sa réflexion sur l’architecture contemporaine et plus précisément sur les « villes génériques » qui fleurissent un peu partout dans le monde et surtout en Asie.

Séoul – Tanji 2003

 

Avec une belle opiniâtreté, Stéphane Couturier a consacré l’ensemble de son œuvre à la représentation urbaine et plus précisément à la mise en forme des chaos visuels qu’offrent les grands chantiers de construction. Chaos paradoxalement organisateurs, ils esquissent la ville en devenir en même temps qu’ils révèlent les strates accumulées de son passé. En optant pour l’ambiguïté d’une vision toujours frontale qui aplanit les volumes et fait se télescoper les plans, pour des compositions rigoureuses et orthogonales, pour des couleurs réparties par aplats, Stéphane Couturier ancre ses vues d’architectures dans une esthétique picturale qui ne peut manquer d’évoquer celle de collages ou l’abstraction géométrique d’un Mondrian.

Avec Séoul-Tanji 2003, il prolonge par la vidéo mais avec le même langage sa réflexion sur l’architecture contemporaine et plus précisément sur les « villes génériques » qui fleurissent un peu partout dans le monde et surtout en Asie. Un lent travelling continu balaie les façades presque identiques d’immeubles à peine achevés qui n’offrent d’autres variations que celles de bâches de protection aux couleurs vives disposées selon une combinatoire mystérieuse. Dérisoires événements auxquels l’œil s’accroche, cherchant vainement quelque signe de présence humaine, quelque possibilité de fuir, de percer cette frontalité étanche. Raccordées et montées en boucle, accompagnées d’une musique répétitive, ces séquences confrontent le spectateur, privé de repères spatiaux aussi bien que temporels, au défilement vertigineux de constructions uniformes destinées aux classes moyennes supérieurs coréennes, qui trahissent la prégnance d’un modèle formel de la modernité déjà fort ancien et plutôt lié en Occident à l’habitat de masse, tels ceux que Stéphane Couturier avait photographié à Moscou. Le spectateur finit par oublier la réalité des éléments figurés pour ne plus voir qu’une trame graphique : celle qui structure les monuments emblématiques de l’urbanisme mondialisé.

 

J.C.F.

Share This
google-site-verification: google0efd31106259eb58.html