Thierry Chantegret
Avec les apparences d’une stricte objectivité, Thierry Chantegret fait de la réalité quotidienne un spectacle aux couleurs chatoyantes. La rue se fait théâtre. Grâce à une composition complexe de l’image, des événements simultanés se déroulent sur une scène à compartiment. Cette organisation d’un espace cloisonné verticalement, caractéristique de sa manière, lui permet de faire dialoguer des événements indépendants, ou d’opposer l’affairement des humains au vide qui relativise leur activité et les renvoie à leur solitude.
Paris
C’est au retour d’un long voyage en Argentine que Thierry Chantegret entreprit un travail en couleur sur Paris qu’il poursuit maintenant depuis plus de cinq ans. Il fallait sans doute cette coupure pour que, « étranger en son pays même », il nous livre cette vision d’un Paris insolite que l’on pourrait imaginer être ailleurs, un Paris où même les lieux les plus familiers, les plus touristiques retrouvent une singularité
toute neuve.
Avec les apparences d’une stricte objectivité, Thierry Chantegret fait de la réalité quotidienne un spectacle aux couleurs chatoyantes. La rue se fait théâtre. Grâce à une composition complexe de l’image, des événements simultanés se déroulent sur une scène à compartiment. Cette organisation d’un espace cloisonné verticalement, caractéristique de sa manière, lui permet de faire dialoguer des événements indépendants, ou d’opposer l’affairement des humains au vide qui relativise leur activité et les renvoie à leur solitude. Trop plongés dans leur monde intérieur, ces passants ignorent le peuple d’ombres en marche qui les entoure et semble parfois les solliciter. Un étrange silence pèse sur ces images aux couleurs de fête foraine qui incitent pourtant plus à la méditation qu’à la joie et au jeu. Photographie décidément paradoxale qui à la fois s’attache à définir la place du corps dans un espace urbain contraignant et qui, non sans poésie, saisit l’imprévisibilité des comportements humains.
J.-C. F.