Xavier Hubert et Cécile Carrus

À la fois utopie et sédimentation, la ville en constante mutation engendre des superpositions, des collages de styles architecturaux et de modes d’organisation du bâti souvent hétéroclites. La rue, qui procède au départ d’une vision de l’ordre urbain et se définit par les proportions de sa section, finit par s’en trouver déstabilisée, voire presque illisible aux yeux du piéton.

Aménagement de la rue Erard

 

À la fois utopie et sédimentation, la ville en constante mutation engendre des superpositions, des collages de styles architecturaux et de modes d’organisation du bâti souvent hétéroclites. La rue, qui procède au départ d’une vision de l’ordre urbain et se définit par les proportions de sa section, finit par s’en trouver déstabilisée, voire presque illisible aux yeux du piéton. Il se trouve confronté ici à des îlots traditionnels sagement alignés, là à des ensembles autonomes qui ignorent le tracé de la voie, un peu partout à des ajouts successifs de mobilier urbain inégalement réparti et à une invasion anarchique du stationnement automobile qui perturbe l’emprise accordée aux piétons.

C’est en partant de cette hétérogénéité que deux jeunes architectes, Xavier Hubert et Cécile Carrus, ont élaboré un projet de réaménagement de la rue Erard à Paris. Rue résidentielle à la structure lâche, de largeur très variable, sans symétrie de ses façades opposées, elle offre des îlots architecturaux sans lien entre eux, mais qui vont devenir les points d’ancrage d’un projet qui se donne pour but, sans rien renier de l’existant, de donner à la rue une unité et une identité.

C’est dans cette perspective de repenser la rue comme lien entre des architectures et l’espace public que la photographie intervient. Par un travail d’occultation et de collage, elle permet de mettre en relation des bâtiments aux échelles disparates. Grâce à la construction d’une bibliothèque et d’un hôtel dont les dimensions et la forme sont établies à partir des ombres portées des bâtiments voisins, Xavier Hubert et Cécile Carrus inventent un nouveau mode de relation des bâtiments entre eux qui n’est plus fondé sur l’alignement. Enfin, la création d’un plateau qui se substitue au sol de la rue tisse un nouveau lien entre ces bâtiments désormais intégrés à une structure urbaine respectueuse de l’environnement architectural.

 

J.-C. F.

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